22 octobre 1899 : inauguration du monument élevé à Cugnaux en l’honneur de Jeanne d’Arc
M. Paul de Boyer-Montégut, maire de Cugnaux depuis 1869, mais avec de nombreuses éclipses (pas moins de 13 années occupées par MM. Savy, puis Barens, puis Marseille et Maury), explique au conseil municipal du 8 décembre 1898 qu’il « est désireux de clôturer par une grille en fer le terrain qu’il possède place du village, terrain qui est l’emplacement d’une ancienne construction dont on voit encore les fondements. »
En effet ce terrain à l’abandon séparait la place de l’Eglise de l’Obit, quartier situé à l’actuelle place de la Mairie. Et il servait un peu de zone de dépôt pour les riverains.
Sur la photo on distingue le muret de clôture avec la grille dans la continuité de la maison « Jeanne d’Arc » , « maison de style gothique, aux fenêtres à meneaux, aux portes en ogive, imitant, dans des proportions plus grandes, la chaumière de Jeanne d’Arc à Donrémy… » (Robert de Boyer Montégut).
Cette maison est l’œuvre de l’architecte toulousain Marius Pujol. L’aménagement du site fut complété par l’érection de la statue de Jeanne d’Arc, œuvre du sculpteur toulousain Moulins, avec à son pied une miniature du lion de Belfort.
Cette réalisation « patriotique » faisait partie de la campagne « revancharde » pour la reconquête de l’Alsace-Lorraine perdue en 1870. Les cugnalais n’avaient pas sous les yeux la ligne bleue des Vosges …mais un monument symbolique, une image pieuse.
Le 15 octobre 1899 lors du conseil municipal extraordinaire en lien avec la future inauguration, le maire P.de Boyer-Montégut déclare : « … Jeanne d’Arc parvint, après une série de victoires éclatantes, à délivrer le territoire de l’invasion étrangère et à rendre à la France la paix et son ancien prestige…
Comme patriote et chrétien, M. le Maire a donc pensé qu’il ne pouvait choisir un plus beau sujet d’ornement que la Vierge de Donrémy, la libératrice de la France, tenant dans sa main son glorieux étendard et ayant à ses pieds un lion imité de celui de Belfort, symbolisant l’armée française gardant la frontière des Vosges…
Puisse cette glorieuse image maintenir toujours intact dans cette commune le culte de la Patrie, écarter l’esprit de discorde parmi les habitants et leur inspirer en toutes circonstances, le dévouement aux nobles et justes causes ! Que leur Devise soit celle de la Vierge Lorraine : Pour Dieu et Pour la France ! »
Ci-après est jointe la plaquette éditée par M. Robert de Boyer-Montégut contenant le discours prononcé par son père Paul le jour de l’inauguration avec une « foule évaluée à trois mille personnes ».
Donc la manifestation probablement la plus importante de l’histoire de Cugnaux. Ce discours est un morceau d’anthologie du « roman national » tel que développé par la droite conservatrice. On en retrouve les échos le 1er mai à Paris au pied de la statue de Jeanne d’Arc.
Lors de la démolition de la maison Jeanne d’Arc pour la construction de la nouvelle mairie, la statue a été déplacée place de l’Eglise. En chemin Jeanne a perdu son étendard. Une nécessaire restauration de la statue semble évidente. Également sur le site voir la fiche « Maison Jeanne d’Arc ».
