SAUDADE

Les noms des quartiers historiques de Cugnaux ont été constants au XIXème siècle et durant la première moitié du XXème siècle.
On les retrouve listés lors des différents recensements qui intervenaient régulièrement tous les 5 ans sauf en période de guerre (1870, 1914/18) ou en période révolutionnaire.
Le nom SAUDADE est d’apparition récente et traduit une histoire familiale.

LOCALISATION
On trouve sur les plans actuels de la commune un « Parc Saudade » et une « Impasse Saudades ».

On peut noter que sur certains plans la position des parcs Saudade et Sourbet est inversée.

La zone Saudade se situe bien sur la droite de l’Avenue de Toulouse (autrefois « Grande Rue ») en allant vers Toulouse.

Jusqu’au début des années 1960, il existait là une demeure bourgeoise avec ses annexes et un grand parc tout autour. On la retrouve sur le cadastre napoléonien.

On retrouve par ailleurs le domaine sur une photo aérienne des années 1950.

Ce fut le premier domaine « bourgeois » démantelé à Cugnaux avec destruction de toutes les constructions. Il ne reste plus aujourd’hui que les piliers de l’entrée principale.

LES HABITANTS DU DOMAINE

Le domaine devint après la première guerre mondiale la propriété de la famille LA CAZE.

Au recensement de 1921 il est occupé par Mme LA CAZE Marie-Emeline avec sa « servante ».

Des années 1925 à 1931, le domaine est occupé par un couple (M. et Mme Marquier Jean), qualifié d’ouvrier agricole avec pour patron M. La Caze.

C’est au début des années 1930, que le domaine est occupé par son propriétaire, son épouse et deux servantes comme le montre le recensement de 1936.

L’épouse de M. La Caze est portugaise, née à Lisbonne, et est venue accompagnée de deux domestiques portugaises.

Dans le temps, le domaine fut baptisé « SAUDADE », marque du caractère lusitanien de ses habitants.

SAUDADE est un mot portugais difficile à traduire. Le dictionnaire Larousse le définit comme « un sentiment de délicieuse nostalgie, désir d’ailleurs… », un sentiment de la vie irrémédiablement perdue, une mélancolie irrationnelle, le sentiment que vous n’êtes pas là où vous aimeriez être.

Mme La Caze, petite femme menue, jouit d’une certaine réputation. Elle aurait fait le rallye de Monte-Carlo …. à une époque où celui-ci était une occasion pour la « jet-set » d’alors de se retrouver à Monaco en hiver. Rien à voir avec l’épreuve sportive d’aujourd’hui.

M. La Caze est surnommé « Le Consul », car consul du Portugal salazariste. Ces affinités conduisirent M. La Caze à être interné au camp de Noé après la deuxième guerre mondiale.

Mme La Caze fut dans les années 1950/1960 une des catéchistes cugnalaises. Elle professait en « deuxième année » sur les quatre ans de catéchisme pour arriver à la communion solennelle.

Mme La Caze se distingua en refusant au catéchisme des enfants de républicains espagnols qui durent aller à Toulouse.

Au début des années 1960, Mme La Caze, devenue veuve, vendit son domaine et s’installa à ce qui est aujourd’hui le 73 avenue de Toulouse. Elle était donc voisine de la ferme de Joseph Fauré … et marqua sa venue en protestant contre la présence d’un tas de fumier dans la ferme.

Voilà pourquoi nous avons aujourd’hui un quartier SAUDADE à Cugnaux.