CUGNAUX D’ANTAN
Qu’il a changé mon cher village,
Celui de mon adolescence !
Soudain surgissent mille images,
D’un bon vieux temps plein d’insouciance.
La vieille église est toujours là,
Illusion de carte postale,
Avec parvis et Christ en croix,
Jonction des rues principales.
Tout près vivait le vieux charron,
Son atelier a disparu.
Les volets clos de sa maison
Soupirent d’un temps bien révolu.
S’en est allé le forgeron,
Doublé de maréchal-ferrant,
Matin et soir en marathon,
Œuvrant toujours avec talent !
Terres de vignes mon beau village,
Aux vieilles allées de muriers,
Immuables dans le paysage,
Leur tronc tordu faisait le guet.
Le troublant son de l’Angélus,
Jouant un peu à l’ostensoir,
C’était pour tous un consensus,
Un rituel appel du soir !
A la saison des vendanges,
Bruits et senteurs suivaient nos pas,
Des charrettes sortant des granges,
Aux vastes chais, humides et froids.
C’était le temps des tonneliers,
A la besogne avec leurs fûts,
Qu’aux vignerons ils destinaient,
Tonneaux de chêne bien ventrus.
Si dans les rues ça “bouchonnait”,
Ce n’était point des véhicules,
Mais quelques vaches qui passaient,
Nonchalantes et sans scrupules !
Et le vivier garde en mémoire,
Le souvenir des lavandières,
Frappant les draps de leur battoir,
Brisant l’onde, calme et légère.
Quand les frimas cinglaient, l’hiver,
Figeant son eau en bloc de glace,
Sur patinoire éphémère,
Les gamins glissaient avec audace !
Certains châteaux ont résisté,
Témoignages d’une noblesse,
Laissant une empreinte figée,
Pour que jamais ne disparaisse.
Le temps filait, indifférent,
Les ” Noratlas” dans les nuages,
Brisaient le souffle de l’Autan,
Stoppant ainsi les bavardages !
J’enfouis en moi ces souvenirs,
D’un temps passé, marqueur d’espoir,
Un livre que l’on peut ouvrir
A chaque instant, comme une armoire.
C’est ce que fit un Cugnalais*,
De sa ville, féru d’histoire,
Du patrimoine en danger,
S’est voulu passeur de mémoire…
Germaine Miatto (juillet 2021)
(*) A l’association CHAD “Cugnaux Hier Aujourd’hui Demain”